Aborder la question du genre avec son adolescent

Deux collègues professeurs y ont été confrontés dans leur établissement et m’ont parlé du mal-être ressenti par ces jeunes en quête d’identité.

Parce que oui, ne confondons pas orientation sexuelle et recherche d’identité.

Les adolescents, en plus de gérer la transformation de leurs corps, se questionnent sur leur identité. Toutefois, l’un des premiers critères de la société qui nous permet de nous identifier est le critère de genre, que l’on soit un homme ou une femme. Il suffit de remplir des papiers administratifs pour s’en rendre compte.

Le problème, c’est que ces adolescents ne savent pas quelle case cocher. Ils ne se sentent ni fille, ni garçon et ne souhaitent pas se définir en tant que tel/telle.

Certains adolescents assument complètement ce choix. Toutefois, certains restent en plein questionnement. Il est aussi difficile pour l’adolescent de se positionner, surtout lorsque personne à la maison ne prête pas une oreille attentive à ces questionnements. Les adolescents peuvent également avoir peur d’en parler aussi à leurs amis, par crainte de ne pas être compris, d’être jugés ou rejetés. Ces mêmes peurs sévissent aussi au sein du foyer familial. Par conséquent, les adolescents n’en parlent pas, ce qui crée à la longue causer un mal-être qui peut se manifester de différentes façons (TCA, drogue, alcool, dépression, abandon scolaire … )  et qui peuvent pousser certains adolescents à mettre leur vie en danger (de nombreux faits divers liés à cette question ont d’ailleurs été relayés dans les médias ces trois dernières années).

En plus du prisme imposé par la société, les adolescents en plein questionnement doivent aussi déconstruire la vision que leurs parents et leurs amis ont d’eux. Même si je suis de nature positive, je pense que la plupart des personnes en 2023 posent un regard bienveillant quant à cette question du genre mais tous les adolescents n’ont malheureusement pas cette chance de trouver du réconfort auprès de leur entourage.

En tant qu’adulte, il est important d’être à l’écoute. L’adolescent doit se sentir compris, épaulé si besoin. Il faut vraiment le soutenir dans cette réflexion qui lui est propre. Le dialogue doit donc être de mise, sans jugement.

Ce soutien doit donc pouvoir se retrouver au sein de la famille et au sein du cercle d’amis mais aussi de l’école. N’oublions pas que la plupart des établissements scolaires possèdent une/deux infirmières et un/une psychologue scolaire. En cas de mal-être, les élèves peuvent prendre rendez-vous et se confier quant à leur ressenti.

En préparant cet épisode de podcast, je me souviens être tombée sur le reportage de Karine Le Marchand sur les adolescents présentant ces questionnements et souffrant de dysphorie ( [1] terme médical pour décrire la détresse résultant de l’incongruence entre genre ressenti et le genre assigné à la naissance).

Le documentaire allait même plus loin car l’un des adolescents avait fait le choix de se transformer complétement par le biais d’une opération. Ce passage avait d’ailleurs fait polémique, montrant le caractère précipité de cette prise de décision, décision dont les transformations sont irréversibles dans le cas d’une opération.

Plusieurs questions me sont venues à l’esprit à la suite de cette émission : Y-a t-il un cadre légal sur cette question ? Quelle est la responsabilité des parents ? La responsabilité des médecins ? Que faire dans le cas où l’adolescent est sûr de son choix ? Comment l’accompagner sur cette prise de décision ?

Il y a aussi un manque cruel d’informations quant à ces opérations : les risques sont-ils bien renseignés auprès de l’adolescent ? De la famille ? Quel coût pour mener à bien ces opérations ?

Sur cette question, [2] l’Académie Nationale de Médecine recommande un accompagnement médical et psychologique des adolescents aussi long que possible pour déterminer s’il s’agit d’un souhait intrinsèque et motivé ou d’une motivation passagère lors de l’adolescence. Dans le cas où cette volonté de transition est persistante, elle affirme que la prudence doit être de mise quant à un éventuel traitement médical. Elle insiste sur le fait que les adolescents et leur famille doivent être informés des effets secondaires dans le cas de prises d’hormones ou de bloqueurs d’hormones ainsi que des risques liés aux différentes opérations. L’Académie Nationale de Médecine demande aux parents de rester vigilants quant au mal-être de leur(s) enfant(s) lié(s) à ce désir de changer de sexe à l’adolescence.

Si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour la sortie de l’épisode 5 du podcast sur la question du genre. De nombreuses ressources à destination des adolescents (et des adultes) seront disponibles en description d’épisode et à la fin de cet article.

J’espère que cet article vous a été utile. N’hésitez pas à réagir en commentaires. Je serais ravie d’échanger avec vous.

Bonne écoute et à bientôt sur le blog du podcast.

Amélie

Liens des sources citées dans l’article :

[1] Source : https://www.academie-medecine.fr/la-medecine-face-a-la-transidentite-de-genre-chez-les-enfants-et-les-adolescents/

[2] Même source que précédemment